Stephen Brusatte dont nous reproduisons ci-dessous un extrait d’interview par Simon Worrall paru en novembre 2018 dans le National Geographic évoque la théorie la plus souvent admise sur l’extinction des dinosaures est l’une des stars de la paléontologie moderne. Ancien boursier National Geographic, il a découvert 10 espèces de dinosaures. Il est aussi à l’origine d’études scientifiques révolutionnaires, qui ont réécrit l’histoire de ces magnifiques créatures.
Extrait de son interview retraçant l’origine de la théorie la plus admise de l’extinction des dinosaures :
La communauté scientifique est aujourd’hui d’accord pour dire que les dinosaures ont disparu à cause d’un astéroïde qui a frappé la Terre. Ce ne fut pas toujours le cas. Pouvez-vous nous parler de l’énorme travail de détective qu’a réalisé Walter Alvarez pour prouver que cet événement cataclysmique a bien eu lieu ?
Cet homme est un de mes héros. Walter Alvarez est un éminent scientifique qui a introduit la théorie de la disparition des dinosaures à cause d’un astéroïde. Depuis le début des années 1800, lorsque les premiers dinosaures ont été étudiés par les scientifiques, tout le monde se demandait : « Pourquoi ces animaux ont-ils disparu ? Que leur est-il arrivé ? ». De nombreuses théories ont été avancées, certaines plausibles, d’autres ridicules comme celles qui expliquaient que les mammifères avaient mangé leurs œufs ou qu’un super-virus les avait exterminé. Walter a été la première personne à parvenir à une théorie solide, selon laquelle c’est l’impact d’un astéroïde qui a accéléré la disparition des dinosaures.
Il était en Italie pour étudier le paléomagnétisme lorsque qu’il a avancé cette idée. Il menait alors des fouilles pour trouver des minéraux magnétiques et ainsi découvrir comment les continents s’étaient déplacés avec le temps. Les roches qu’il a trouvé semblaient dater de la fin du Crétacé, les derniers instants des dinosaures et du Paléogène, la période pendant laquelle les mammifères ont commencé à apparaître. Une fine couche d’argile d’environ un centimètre d’épaisseur se trouvait entre les roches du Crétacé et celles du Paléogène : c’était la frontière entre la vie et la mort. C’est à ce moment que Walter a compris que l’extinction s’était produite lorsque cette couche d’argile s’est déposée.
À la fin des années 1980, le géologue d’une compagnie pétrolière a découvert un cratère dans la péninsule du Yucatán au Mexique. Ce cratère mesurait plus de de 160 km de diamètre et semblait dater de la toute fin du Crétacé, c’est-à-dire lorsque les dinosaures sont morts, et la fine couche d’argile qui s’était déposée partout dans le monde ont fini par confirmer la théorie de Walter.
L’astéroïde ou la comète responsable de ce cratère mesurait certainement près de 10 km de diamètre, se déplaçait plus rapidement qu’un avion de ligne et a frappé la Terre avec une force équivalente à l’explosion d’un milliard de bombes nucléaires comme celles d’Hiroshima. Suite à cela, ce fut le chaos total, avec des tsunamis, des feux de forêts, des tremblements de terre et des éruptions volcaniques. En quelques heures, jours ou semaines, la plupart des dinosaures avaient disparu.