« Théorie de la réserve de nourriture » de M. Haudoin Gilbert, employé de banque à Paris (75), du 22 avril 1999.

Ce qu’il s’est vraiment passé : Il y a 65 millions d’années, soit 23 725 000 000 jours ouvrés sans compter les bissextiles, qu’est intervenue la fin des dinosaures. Contrairement à ce qui est prétendu, il semblerait que leur extinction soit dûe à une incapacité à faire des additions et à leur ignorance crasse du système pourtant simple des intérêts composés. En effet, comme tout animal sauvage suffisamment évolué, le dinosaures, qui avaient dans leurs gênes inscrites des milliers d’années d’alternance de périodes de baobabs gras et maigres (les vaches n’existaient pas encore) savaient donc instinctivement épargner de la nourriture pour leur vieux jours, sachant aussi qu’à force de marcher dans les marais, des douleurs pouvaient apparaître aux genoux et qu’un jour ils ne pourraient plus aller chercher un endroit où se trouverait de l’herbe fraîche ou des feuilles de baobabs peu élevées. Ils avaient appris l’épargne de leurs pères ovipares qui eux-mêmes le tenaient de leurs pères ovipares, et tout cela se transmettait, comme on dit, « en bon père de famille ». Je sais que ça peut paraître surprenant, mais il est pourtant clair que les dinosaures thésaurisaient comme des bêtes déjà au temps jadis. Du moins, ils essayaient, car leurs cerveaux étaient incapables d’accomplir deux actions simultanément comme manger et remuer la queue en même temps. C’est pourquoi lorsqu’on voit à la télévision un dinosaure qui ne remue pas la queue, on peut estimer qu’il est, par exemple, en train d’avaler ou de penser à un problème spécifique qu’ont les dinosaures il y a 65 millions d’années. Cela étant, il ne faut pas noircir le tableau : la vie était paisible sur Terre et même les périodes de baobabs maigres de l’époque n’étaient pas aussi marquées que nos périodes de récession économique actuelles depuis les accords de Bretton woods et les deux chocs pétroliers successifs, sans compter la Guerre du Golfe et j’en passe. Aussi, tant qu’ils pouvaient épargner peu, c’est-à-dire constituer moins de dix cachettes de nourriture, ça c’est bien passé. Ils constituaient par exemple jusqu’à 9 gros tas de feuilles pour les périodes de disette ou pour leur vieux jours et ça roulait. Mais voilà : grâce à l’évolution des espèces -car il ne faut pas croire que les dinosaures avaient attendus Darwin pour évoluer, -ça on ne me le fera jamais croire, je ne suis pas dingue tout de même- la durée de vie avait considérablement augmenté grâce au confort et aux progrès de l’hygiène moderne : il leur fallait plusieurs dizaines de tas de feuilles. C’est ainsi que ça c’est compliqué : les dinosaures en comptant leurs réserves étaient obligés de faire une retenue, durant l’addition, donc de faire 2 choses différentes en même temps : aditionner et retenir !

Avec un exemple, ce sera plus clair : 19 tas de feuilles + 16 tas d’herbe =  9 plus 6 je pose 5 je retiens…. je retiens… Je retiens…

Et voilà comment est apparue d’une certaine façon la première SYNTAX ERROR.

Oui, je suis certain que les dinosaures, dont l’encéphale était occupé, mettons, à poser 5 et à retenir 1, s’est retrouvé bloqué durant le calcul des stocks de nourriture leur permettant de suffisamment subvenir à leurs vieux jours. Ils furent incapables de continuer l’addition (soit 1+1+1 la retenue) et restèrent tétanisés debout dans la prairie. En gros (car ils étaient énormes, on le sait) : les dinosaures ont planté. C’est ainsi qu’ils moururent de faim, mais debout et dignes jusqu’au bout.