« Théorie des coups de soleil » de M. Michalski Max, gérant d’une station de bilan automobile, à Meudon (92), du 7 mai 97.
L’incroyable vérité :
Imaginez il y a 65 millions d’années, une planète entièrement sous la domination des dinosaures, c’est la journéeK. Il fait beau et on est bercé par le zonzonnement des mouches préhistoriques. Sur Terre se trouve un pourcentage élevé et majoritaire d’herbivores patelins et une quantité moins importante carnivores débonnaires. Ces derniers se promenaient au beau milieu des troupeaux de grassouillets, tels des touristes devant un buffet à volonté, aspirant dans un bruit joyeux un morceau de chair coincé entre deux incisives de trente centimètres de long.
Il y a 65 millions d’années, sur Terre, c’est l’âge d’or : joie, abondance, amour, paix, calme et volupté rythment des existences tranquilles. La digestion est sereine et la dyspepsie absente. Les diplodocus mènent leur train de sénateur et le tyrannosaure rêvasse tranquillement face aux clapotis des plages non polluées. Dans l’air vibrant de chaleur, sous un ciel bleu d’acier, des ptéranodons hurlent doucettement, préfigurant le chant de l’alouette au-dessus des blés dorés dans la Brie estivale .
C’est l’abondance, pourtant, qui perdra les maîtres de la planète. Plus les herbivores mangeaient, plus ils grossissaient, plus, hélas, ils évacuaient du méthane. Et le silence immémorial de la planète vierge de l’homme destructeur est alors rythmé par les longs pets sonores et tyroliens des monstrueux herbivores qui paissaient et repaissaient le plat pays. Sur la steppe chaude et humide flottaient des relents d’une indécente fécondité, mais hélas ce n’était pas la joyeuse expression de la sexualité des géantes fleurs primitives qui exhalait : l’odeur était celle de tous ces anus géants qui recrachaient en clabaudant de long gaz mortifères.
Alors, que tout à sa joie de la consommation facile, aucun dinosaure ne se préoccupait de l’avenir de la planète, déflagrant dans l’inconscience la plus candide, le méthane le perfide s’accumulait et montait dans les hautes parties de l’atmosphère, résolu à mettre un terme à ses géniteurs ! Hé oui, le premier trou d’ozone est né il y a soixante millions de millions formé par les millions de cloaques siffleurs des sauriens ! Un trou d’ozone qui est alors rapidement devenu de la taille de celui de la sécurité sociale : gigantesque, expansif et imbouchable !
La préhistoire, c’est déjà la mondialisation de la pollution. Rapidement, la planète se retrouve dans un vaste et unique trou d’ozone : nul besoin de CFC et de réservoir de réfrigérateurs éventés. L’ozone lacunaire va déclencher le grand barbecue planétaire. Les dinosaures, malgré les premières alertes (un réchauffement de la planète, l’eau de mer montante atteignant les premiers nids des stéganodons) continueront, tels le peintre Evguenie Sokolov du roman de Serge Gainsbourg à lâcher de longues et tonitruantes rafales. Et c’est ainsi qu’ils vont crever de leur voracité…
C’est vers moins 64 millions d’années et demi que les premiers effets se feront sentir : dinosaures dépigmentés, albinos ou aveugles (qui se noient en trébuchant sur les berges, ou tombent dans des volcans), mais surtout victimes de maladies de peau, de cancers, d’abcès de zona et de comédons (de la taille d’un tabouret de bar)… voire plus répandus de simples coups de soleil à la façon des Britanniques en Dordogne. Les conséquences seront terribles, et viendront ajouter à l’hécatombe:
– Les coups de soleil douloureux (derrière les genoux) chez les mâles (herbivores comme carnivores) et ceux éprouvés sur le dos par les femelles dissuaderont les couples de pratiquer le coît par introduction du membre mâle dans le cloaque de la femelle, et donc de se reproduire.
– Pour les ovipares pratiquant la méthode du jet de semence sur les œufs : les conséquences restent difficiles à définir sur l’acte de propulsion de la semence. Mais il est probable que dès qu’ils furent pondus, les œufs furent cuits par les ardents rayons du soleil, et ce, sans retenue.
– Souffrant des mêmes problèmes que les herbivores, les carnivores se sont en outre vus confrontés à un ennui spécifique : l’abondance de cadavres d’herbivores. Un désagrément nauséabond qui les entraînera dans un processus irrationnel de gloutonnerie nécrophage compulsionnelle… les faisant participer à l’accélération de l’agrandissement du trou d’ozone, et donc contribuer à la disparition du règne des sauriens ! L’enchaînement pervers s’est emballé ! Ainsi entre les maladies de peau, les difficultés éprouvées pour la reproduction, les flatulences de tyrannosaures ou de velociraptors aggravant sur l’impact environnemental général, la leçon à tirer de l’exemple des dinosaures, est qu’il faut pour chacun une protection solaire adaptée à l’aide d’un lait dont l’indice de protection élevé respecte les normes européennes établies consensuellement.